
Le peuple de Bamendjou écrit au préfet dans une lettre salée dont nous vous livrons la teneur.
Bamendjou, le 22 janvier 2021
LE PEUPLE DE BAMENDJOU
A
Monsieur YAMPEN OUSMANOU , Préfet du Département des Hauts Plateaux
Objet : Vacuité de l’arme fatale
de l’administration néocoloniale
pointée sur le FO’O de Bamendjou
Monsieur le Préfet,
Le peuple Bamendjou a pris acte de votre deuxième pamphlet sur la personne de son FO’O. A travers les lignes qui suivent, il tient à vous rappeler la vacuité de votre arme fatale qui semble être la destitution prévue par l’article 29 du Décret N°77/245 du 15 juillet 1977 et que vous brandissez en terme à peine voilée dans l’expression « …vous exposera à la rigueur de la loi ».
Cette expression, d’utilisation intempestive et fantasmatique par certaines « Hautes » personnalités de la République et qui lève désormais le voile sur les véritables commanditaires des menaces à répétition et inutiles que vous proférez à l’endroit de notre FO’O, n’impressionne ni ce dernier, ni son peuple que nous constituons.
A ce sujet, nous tenons à vous rappelez, au cas où vous l’auriez oublié, que le FO’O tire sa légitimité non pas du statut d’Auxiliaire d’Administration que l’administration coloniale et néocoloniale que vous représentez l’a affublé, mais de nos us et coutumes, nos traditions. Il est donc illusoire de croire, comme vous semblez le faire avec emphase, que sa destitution du rôle de Chef Traditionnel Auxiliaire d’Administration, titre insignifiant et asservissant, entamera son autorité sur son peuple, et que ce peuple ferait allégeance à un nouveau Auxiliaire d’Administration que vous auriez placé à la tête de la Chefferie Bamendjou. Non, le peuple Bamendjou, jaloux de ses traditions, reste et restera soumis à son FO’O quelques soient les circonstances dans lesquelles il se trouve et pas à un Chef Auxiliaire d’Administration.
Il est également vain de penser que cette destitution aurait pour effet de l’installer dans une situation d’indigence en raison de ses conséquences en termes de suppression des allocations mensuelles minables que les textes réglementaires accordent aux Auxiliaires d’Administration. Non, notre FO’O, très tôt avant le décrets de 1977 et 2013 allouant ces prébendes, avait déjà appris à vivre du fruit de son travail. Faut-il vous rappeler à ce titre que son acharnement au travail a fait de lui l’un des plus grands agriculteurs de l’ouest du pays ?
En outre, si en considération du fait que la destitution de notre FO’O ne produirait pas les effets escomptés, vous et vos commanditaires adoptez, comme il se susurre dans les réseaux sociaux, son élimination physique comme ultime moyen de le faire taire à jamais, préparez-vous à un choc frontal et à la transformation de ce groupement en unité administrative ingouvernable.
Par ailleurs, l’arme de destitution que vous et vos commanditaires affublez pour sanctionner des soi-disant sorties « cybernétiques et médiatiques intempestives » de notre FO’O est sans objet, car vous et vos commanditaires n’avez pas fait la même appréciation de la sortie de votre Roi, le Sultan des Bamouns au cours du Grand Dialogue National qui s’est tenu au Palais des Congrès du 30 septembre au 04 octobre 2019. A l’occasion de ce Grand Dialogue National uniquement dédiée à la résolution de la cries anglophone, le Sultan, votre Roi, a fait une déclaration forte et à tout point de vue aux antipodes des thématiques arrêtées par le Gouvernement sans que le Préfet du Département du NOUN ou vos commanditaires y trouvent une « sortie inopportune l’exposant à la rigueur de la loi ».
Dans son propos en effet, et alors que les sujets soumis à l’examen des participants portaient sur huit points déclinés en 1°-bilinguisme, diversité culturelle et cohésion sociale ; 2°-système éducatif ; 3°- système judiciaire ; 4°-retour des réfugiés et des déplacés internes ; 5°-reconstruction et développement des régions touchées par le conflit ; 6°-désarmement, démobilisation et réinsertion des combattants ; 7°-rôle de la diaspora dans la crise et sa participation au développement du pays ; 8°- décentralisation et développement local ; ce monarque a révélé qu’il « continue à penser et le répète que le problème qui se pose au Cameroun est aussi celui de l’alternance et le seul remède qui pouvait guérir ce mal est : 1°- la révision de la constitution ; 2°- la limitation du mandat présidentiel en 2*5 ans ; 3°-l’élection à deux tours ; 4°- la révision du code électoral ; 5°- la décentralisation dont il faut accélérer la mise en place dans le 06 mois qui suivent le dialogue ».
Qu’elle différence faites-vous entre ces propos du Sultan, votre Roi, et ceux de notre FO’O, les deux propos étant, à tous égards, et pour paraphraser le Sultan lui-même, le résultat de la réflexion de deux témoins de « toutes les périodes traversées par le Cameroun avant même son accession à l’indépendance le 1er janvier 1960 et la réunification en 1961 » ?
N’étaient-ce pas là, dans ces circonstances, « des propos de nature à mettre en péril la stabilité des Institutions Républicaines et la légitimité de celui qui les incarne » ? Le Sultan, votre Roi, ne s’était-il pas, par cette attitude, « autoproclamé donneur de leçons, incitant ainsi les populations à la révolte et à l’insurrection » ?
Qu’elle a été alors votre réaction en tant que défenseur acharné des principes et valeurs républicains ? Quelle a été celle de vos commanditaires? Comme l’immense majorité des camerounais, vous avez certainement apprécié positivement cette déclaration du Sultan, Roi des Bamouns, puisque personne de vous n’a cru devoir lui adresser une mise en garde pour « oubli des obligations que lui impose sa qualité d’Auxiliaire d’Administration en vertu du Décret N°77/245 du 15 juillet 1977 portant organisation des Chefferies Traditionnelles ». Vous vous êtes aussi tous abstenus de l’inviter « à faire preuve d’un sens élevé de responsabilité digne de son statut de gardien de traditions ».
Malgré ce traitement discriminatoire que vous et vos commanditaires avez réservé aux sorties du Sultan des Bamouns, votre Roi, et le FO’O des Bamendjou, notre Autorité Morale de droit divin, vous avez le courage de parler, et sans honte bue, de « respect de l’Etat de Droit et des Institutions Républicaines. De quel Etat de Droit parlez-vou,, Monsieur le Préfet, alors qu’en même temps, vous faites de l’injustice votre pratique quotidienne et du mépris des institutions traditionnelles considérez comme rebelles votre sport favori ?
Quoi qu’il en soit, le peuple Bamendjou n’est plus prêt à rester indifférent face aux multiples attaques que lui et son FO’O subissent de votre part. Aussi avons-nous l’honneur de vous inviter à faire preuve d’un sens élevé de responsabilité digne d’un « Haut Commis de l’Etat » qui n’est pas là seulement pour obéir aveuglément aux ordres de personnes tapies dans l’ombre comme l’autruche, mais pour arbitrer entre les intérêts individuels égoïstes et les intérêts communs de la République.
Pour ce faire vous devez- à moins d’avoir trouvé dans les menaces adressées au FO’O des Bamendjou un fonds de commerce vous permettant d’obtenir des prorogations spéciales de votre temps d’activité lorsque survient l’âge de départ à la retraite- vous rappeler, chaque fois que vous recevez des ordres de vos commanditaires, cette maxime du Pasteur Martin Luther King qui énonce que « chacun est moralement tenu de désobéir aux lois injustes ».
Veuillez agréez, Monsieur le Préfet, l’assurance de notre parfaite considération. /-
Ampliation :
-Minat
-Gouverneur de la Région de l’Ouest
-Sous-préfet de l’Arrondissement de Bamendjou
-FO’O des Bamendjou
Ont signé cette lettre
Les sociétés secrètes :
Ka’a mameté
Ka’a djedju
Ka’a fessah
Ka’a fessap
Ka’a mumeté
Ka’a tchenda
Ka’a kouossi
Pepgouop kouossi
Pepgouop woulah
Meudjouong fessap
Medjouong kuetsit
La danse « Kou’ogang »
La danse « Lali »
Les associations à caractère cultuelles ;
Les associations d’Elites ;
Les communautés Bamendjou de la Diaspora ;
Les associations des femmes ;
Les associations des Elèves et Etudiants Bamendjou.
Source: tgv de l’info
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