
(Investir au Cameroun) – Reporters sans frontières s’est positionné en porte-parole de fait de la commission mixte gendarmerie-police mise en place pour enquêter sur l’assassinat de l’animateur radio Martinez Zogo, qui continue de susciter l’émotion au Cameroun et dans le Monde. L’organisation qui revendique la mission de défendre les journalistes et leurs sources a, dans sa dernière publication, révélé les « preuves accablantes » qui incrimineraient les personnes suspectées dans cette affaire.
Elle avait déjà été la première à annoncer les arrestations dans le cadre de cette affaire ainsi que les premiers éléments détaillés de l’audition des suspects. En plus de Jean-Pierre Amougou Belinga, le principal suspect déclaré, elle indique aujourd’hui citant un des « enquêteurs », que l’implication du ministre de la Justice, Laurent Esso, serait proche d’être établie.
Ces « révélations » sont désormais utilisées par la majeure partie des médias (nationaux et internationaux) et des commentateurs sur les réseaux sociaux, pour faire écho à ce scandale qui pèse sur le Cameroun. Les enquêtes préliminaires dans le pays sont pourtant encadrées par le principe du secret. On peut donc aujourd’hui questionner les objectifs de ceux qui ont choisi RSF comme principal relai des éléments de cette enquête.
Désormais, l’hypothèse d’un simple acte de vengeance qui aurait visé Martinez Zogo a évolué et laisse progressivement la place à la construction d’un scénario plus complexe dans lequel il serait question de confrontations au cœur du pouvoir.
Sur les réseaux sociaux, l’homme d’affaires Amougou Belinga, qui avait été cité par Martinez Zogo comme étant le bénéficiaire de plusieurs contrats très lucratifs, payés par le ministère des Finances, est même aujourd’hui soupçonné d’avoir des liens avec le groupe de mercenaires russes Wagner. Des soupçons qui ne sont pas soutenus par des preuves, mais qui peuvent rajouter à la confusion, au regard des liens avérés entre Amougou Belinga et les autorités centrafricaines.
Cependant, des voix s’élèvent pour dénoncer ce qu’elles appellent « la construction d’un coupable idéal ». Reporters sans frontières considère que les tenants de cette thèse sont des « auteurs des opérations de désinformation » et pourtant on en est qu’à la phase de l’enquête préliminaire. L’organisation qui a vocation à défendre la liberté d’expression annonce même que ces derniers « pourraient (…) être inquiétés ».