Un crime a été commis, un enlèvement qui relève du terrorisme, un viol pour nommer les choses, un meurtre suivi d’une profanation de la dépouille qui touche à ce qu’il a de plus sacré chez les vivants ; le respect qu’ils doivent aux morts. Il est impossible d’expliquer autrement ce qui peut aboutir à de tels sévices sur un humain !
Depuis la découverte des restes de Mbani Zogo Arsène Salomon au petit matin du 20 janvier dernier, est-il infondé de penser que le sentiment d’impunité et d’injustice s’enracine sur une réalité de terrain boueux du Cameroun ? Quiconque a la moindre indulgence envers ce qui s’est passé là nourrit les pires dérives antirépublicaines et antidémocratiques.
Nombre de journalistes qui ont voulu manifester ont essuyé la rigueur des forces de l’ordre, les mêmes qui n’ont pas pu protéger Martinez Zogo enlevé Faut-il le rappeler devant le portail d’une caserne de de gendarmerie et où personne n’a voulu lui porter secours.
C’est quoi cette République ? Celle qui protège les détenteurs du permis de tuer, les violeurs, les confiscateurs du destin de la majorité, les détourneurs des deniers publics ! C’est quoi cette République ! Ce n’est plus une interrogation mais une exclamation face à cette matraque qui s’abat sur le plus faible et protège les bandits et les assassins.
Non, casser le thermomètre fait-il disparaître la fièvre d’une double injustice : économique et sociale ? Pourquoi Martinez Zogo a-t-il été enlevé ? Parce qu’il passait par là ? Parce qu’il parlait à la radio? Ou pour les quatre ? Non ! Pour installer la terreur au cœur de la République.
Qui peut prétendre que l’absence d’une police proche d’une gendarmerie au service des citoyens ne nourrit pas la défiance? Quand on entend aujourd’hui les différents témoignages, quand on voit l’arrogance avec laquelle les détenteurs du permis d’enlever de torturer de violer se promènent dans ce qui reste de République, qui peut dire que cette impunité n’a aucune incidence sur le « vivre ensemble », formule devenue gargarisme de salon ?
Qui peut croire que cet assassinat monstrueux qui vient s’ajouter aux centaines jamais élucidés dans notre pays n’a aucun effet sur le pays et la désespérance dans laquelle on enferme des générations entières ? Question subsidiaire : peut-on vanter la loi du fric comme unique valeur, donner des milliards d’argent public sans contrôle aux rentiers et prédateurs sans en retirer autant aux dépenses utiles à la nation et à ses enfants ?
De tous côtés, il est urgent d’œuvrer ensemble pour contrer ces logiques mortifères qui gangrènent toute notre société. Martinez Zogo est celui dont le sang permettra peut-être de faire naitre d’autres valeurs dans ce pays.
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