
Sur les 07 candidats retenus par la commission électorale logée au ministère de la santé, pour briguer le poste de président de l’ordre national des médecins du Cameroun dont l’élection est annoncé pour le 29 décembre 2022, ce n’est que le 05 décembre dernier que le Pr Essomba, candidat à cette élection, a pensé à acquitter des arriérées cumulées de 10 ans de cotisations à l’Onmc.
Ce qui fait dire aux médecins que le di- recteur de l’hôpital Laquintini pense diriger un ordre dont-il n’a jamais voulu contribuer à son évolution. Qualifié par ses confrères d’être le candidat du Ministre de la santé qui veut contrôler ce regroupement professionnel à travers son collaborateur, de nombreux médecins affirment que Manaouda Malachie a donné des consignes de vote fermes aux directeurs des hôpitaux de districts afin qu’ils battent campagne pour son poulain qui traine de nombreux scandales… Mais d’ores et déjà on assiste à une levée de boucliers pour dénoncerl’ingérence de Manaouda Malachie dans le processus électoral. Que vient donc chercher le ministre dans cette bataille à la tête d’une association privée ? Chaud devant !
Après 12 ans, la succession à la tête de l’Ordre national des médecins du Cameroun (Onmc) est ouverte. Sur les 51 dossiers reçus et validés, la commission électorale, mise sur pied par le ministère de la Santé publique (Minsanté), a rendu sa copie le 15 décembre dernier.
Au final, 7 sont en lice pour la présidence de l’Ordre. Il s’agit des Drs Olga Yvonne Bassong ; Claude Bernard Kamta Ngui ; MangaThéodat ;JeanBerthelot Zambo ; Rodolphe Fonkoua ; Pierre Bassong et du Pr Emmanuel Noël Essomba. Plus de 3000 médecins, à jour de leurs cotisations et constituantsle corps élec- toral, sont donc appelés aux urnes, sur les 10 000 inscrits au tableau de l’Onmc, le 29 décembre prochain, au Palais des Congrès de Yaoundé.
De ces 7 candidatures, celle du Pr Noël Emmanuel Essomba, l’actuel directeur de l’hôpital Laquintinie de Douala fait des gorges chaudes dans le milieu mé- dical. En effet, celui qui veut «Redonner à la profession médicale sa grandeur » est accusé d’être « le candidat du ministre ». Quand Manaouda Malachie veut contrôler l’Onmc à travers son collaborateur Noël Emmanuel Essomba On reproche au Minsanté d’avoir levé le verrou sur les conditions d’éligibilité au poste de président de l’Onmc. Du fait de sa proximité excessive avec le directeur-candidat, ce membre du Co- mité central du Rdpc «se targue d’avoir le soutien du ministre ».
Selon certaines indiscrétions, les séances de travail du personnel de l’hôpital aussi bien que du Minsanté se tiennent, aux frais du contribuable dans les locaux du Pr Es- somba situé à Balamba, son village, à l’instar de l’atelier stratégique des interventions pour le développement des ressources humaines en santé, présidé récemment par le ministre Manaouda Malachie. Ces derniers temps, ce sont des notes de servicessur l’« Etat nomi- natif des membres de l’Onmc exerçant dans les Régions» qui sont affichées dansles hôpitaux.Ce qui laisse supposer qu’ils’agit là d’une manœuvre électorale qui consiste à recenser le corps électoral pour mieux le contrôler où lui donner des consignes de vote. Comme si cela ne suffisait pas, une dynamique de soutien a été imposée aux délégués de toutes les formations sanitaires publiquessousfond de trafic d’influence pour « faciliter la mobilisation. Ceux qui sont en difficultés pour le transport seront pris en charge. Ceux qui ont des arriérés de cotisation pourraient être soutenus à hauteur d’un ou deux ans de cotisations ».
Toutes choses qui militent en faveur du candidat du ministre et interrogent la neutralité de la tutelle, qui a visible- ment pris fait et cause pour le Pr Noël Emmanuel Essomba. D’emblée, une polémique a d’abord tourné autour du paiement tardif de ses cotisations. Pour les médecins, sa can- didature devait donc être invalidée, conformément à l’alinéa 3 de l’article 96 du Code de déontologie adopté à l’Assemblée générale du 13 mai dernier et rendu exutoire le 21 juin, par arrêté du Minsanté. Lequel dispose que pour être candidat à la présidence, il faut « avoir été régulièrement à jour de ses cotisations ».
Or, c’est le 5 décembre dernier que le Pr Essomba a versé à l’Onmc ses cotisations, avec des arriérées cumulées de 10 ans. Ce qui laisse com- prendre aisément que le paiement de ces arriérés n’était uniquement qu’à des fins électorales. Autrement dit, ce candidat n’était pas un membre qui payait régulièrement ses cotisations. Par ailleurs, la disposition de la loi électorale quisubordonnait la candida- ture à la présidence au fait « avoir été un ancien membre du conseil sortant », pourtant voté en assemblée générale, a été unilatéralement supprimé par le Minsanté, afin de permettre au Pr Es- somba d’accéder au jeu électoral. Sur cette même lancée, la loi donne 30 jours au ministre de la Santé pour publier le décret rendant les nouveaux textes exécutoires. Or, c’est finalement au bout de 35 jours que Manaouda Manachie s’est conformé, malgré le rappelformulé par un collectif d’avocats, pour ainsi favoriser la présence du Pr Essomba dans la liste des prétendants. En somme, une liste électorale validée par le Minsanté, mais qui n’a pas été contresignée par tous les membres du Conseil, comme convenu d’un commun accord. Le Minddevel au secours ! Plus grave : le Pr Essomba Noël cumule les fonctions de directeur de l’hôpital Laquintinie et d’adjoint au maire de Douala 1er.
Or, selon l’article 143, alinéa 1 de la loisur la décentralisation, « le maire, les adjoints au maire, le président, le premier vice-président, les vice-présidents ou les membres du bu- reau duConseilRégional doivent consa- crer leur activité à l’exercice entier de leur mandat ». Dans l’alinéa 2 du même article, il est écrit que « pendant la durée de leur mandat, la rémunération des membres de l’exécutif des collectivitésterritoriales ne peut être cumulée avec la solde de fonctionnaire ou tout autre traitement salarial servi par un employeur public ou parapublic ».
Et enfin, l’alinéa 3 stipule que « tout fonctionnaire de l’Etat ou de la collec- tivité territoriale élu maire ou adjoint au maire, président, premier vice-président, vice-président ou membre du bureau du Conseil Régional, est de plein droit en position de détachement auprès de la Collectivité Territoriale pendant la durée du mandat ».
Dans une lettre ouverte adressée au Minddevel, une source anonyme a d’ail- leurs demandé au ministre d’appliquer la loi au lendemain du renouvellement des exécutifs communaux. « Au Cameroun, Etat de droit, il ne saurait y avoir deux poids, deux mesures. Pendant que cette règle écrite de la lois’applique peu ou prou sur le territoire national, on voit un certain Pr Essomba Noël se pavaner avec son écharpe et célébrer des mariages de collaborateurs au sein de l’Hôpital Laquintinie. ». Et de conti- nuer: « J’observe que desfonctionnaires veulent briguer la présidence de l’Ordre national des médecins du Cameroun (Onmc), il est alorslégitime de se poser la question de leur indépendance s’ils venaient à être élus.
En effet, le sacro- principe de l’assujettissement du fonc- tionnaire vis-à-vis de sa tutelle en tout point s’oppose à l’indépendance de l’Ordre vis-à-vis de l’Etat. Or, dans la profession de foi des candidats fonctionnaires, aucun n’évoque une mise en disponibilité pour mener à bien cette tâche. », constate-t-elle. Autant de griefs qui aiguise la colère des médecins. « Comment comprendre que malgré toutes les réserves sur sa candidature, ce candidat ait été re- tenu… ? », s’étonne l’un d’entre eux. En tout cas, « la date du 29 décembre restera dans l’histoire de la médecine. Nous ne laisserons pas les aventuriers nous ravir le peu de dignité que nous avons. Le Pr Essomba ne s’est intéressé à l’Ordre que pour en devenir président. Voici quelqu’un qui n’a jamais assisté à une réunion de l’Onmc, mais qui vient aujourd’hui pour être le président. Nous verrons… », promet-il.
Plus loin, de nombreuses personnes dénoncent le soutien de Manaouda Malachie à un collaborateur qui toujours eu maille partir avec ses collaborateurs au sein des formations sanitaires dont-il avait la charge y compris des prestataires de services qui ont vu leurs factures « pourries » dans ses tiroirs. Comment ne pas évoquer les différents scandales de mœurs dont-il a souvent été accusé et qui continuent de ternir son image malgré qu’il se soit toujours battu pour clamer son innocence. Nous y reviendrons.