
La rhétorique anti-occidentale et raciste est tout naturellement devenue l’alibi utilisé par les criminels d’Etat et leurs partisans pour discréditer les révélations de Reporters Sans Frontières (RSF) sur l’assassinat crapuleux du journaliste Martinez Zogo.
À défaut d’être poursuivis et condamnés au Cameroun où ils jouissent d’une impunité totale, les auteurs et commanditaires présumés du meurtre barbare de Martinez Zogo n’échapperont pas à la Justice internationale, notamment dans tous les pays reconnaissant la compétence universelle, où nombre d’entre-eux ont leurs avoirs et habitudes.
Le Cameroun n’est pas la Russie de Poutine.
Rien ne nous détournera de l’objectif principal : parvenir à la manifestation de toute la vérité sur l’assassinat crapuleux du journaliste Martinez Zogo, à travers l’inculpation puis la condamnation de M. Jean-Pierre Amougou Belinga ainsi que tous les autres commanditaires et auteurs présumés de ce crime d’État. Absolument rien.
Pour cela notre organisation se tient prête à se porter partie civile en France.
Reporters Sans Frontières (rsf.org/Fr) désigne en effet clairement un donneur d’ordre, Laurent Esso, ministre d’État de la Justice Garde des Sceaux, en concertation avec l’homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Belinga, en attendant d’établir d’autres complicités au sein du gouvernement et de l’appareil sécuritaire du Cameroun.
En effet, l’ironie ici est que le Nnôm Ngui a fait de l’opération Épervier le bloc juridique central de sa politique judiciaire au Cameroun et a même créé tout un tribunal d’exception à cet effet, le Tribunal Criminel Spécial (TCS). Ce faisant, nous nous retrouvons étrangement sans le dire avec l’opération Épervier à la fois comme projection du pouvoir d’un État centralisé depuis 1982, puis captation criminelle des créatures du dictateur dans un cadre qui aujourd’hui, in fine, neutralise leur propre capacité à exercer arbitrairement leur pouvoir de nuisance.
C’est dire si Martinez Zogo apporte la preuve socio-juridique de la profondeur à laquelle cette loi de l’épervier a pénétré l’inconscient collectif du pays, et n’est plus tout simplement l’apanage du seul cabinet noir du Nnôm Ngui à la présidence de la république et ses dépendances mafieuses. Mais en réalité nous sommes désormais face à une exigence collective de profondes transformations ressentie et adoptée par tous les Camerounais ordinaires, même s’ils finissent par se faire assassiner comme Martinez Zogo.
C’est l’indication que la loi est maintenant plus puissante que le dictateur.
En effet, les principaux enseignements du martyre de Zogo sont que le droit formel est important pour la création de la communauté politique, et que ce qui attire les gens vers ce droit c’est la perception qu’ils en ont comme lieu d’exercice de stratégies: stratégie (Juridique) pour la satisfaction de leurs intérêts propre qui, dans ce cas, est la représentation égale devant la loi et la garantie des droits à la liberté. Ce qui par ricochet démontre que le réseau tribal du clientélisme politique, puis les lois et normes coutumières instaurés par le Nnôm Ngui et le Zomloa des Zomloas au Cameroun sont eux-mêmes des inventions de crapules.
Avec l’Épervier cumulé à l’affaire Zogo, le Nnôm Ngui et ses créatures sont devenus, au sens sérieux, volontairement ou non, prisonniers de leur propre rhétorique du droit, et donc soumis involontairement à ses règles. Il s’agit d’un moment historique où les Camerounais ordinaires se considèrent comme des acteurs juridiques formels, se tournant vers la loi pour concilier leurs différences et demander réparation à la suite de multiples griefs subis.
En bref, c’est très ironique de voir Épervier devenir indirectement le talon d’Achille de Nnôm Ngui. C’est un vrai retour du boomerang. Il doit faire quelque chose, sinon le système basculera dans une anarchie totale qu’il ne pourra plus contrôler. Le fait est que même la dictature a besoin d’un État de droit.
Au fond Paul Biya a créé des monstres dont il se révèle le seul à pouvoir débarrasser le Cameroun. Pourvu qu’il ait le temps de le faire….
C’est tout ce qu’on peut raisonnablement souhaiter à ce pays.
Pour les personnes qui ont consacré leur vie aux droits de l’Homme, le martyr de Martinez Zogo est décidément un schadenfreunde inattendu. Car Zogo s’est avéré être le filou qui précipiterait définitivement la fin du régime de Nnôm Ngui.
L’Institut du Comité de Libération des Prisonniers Politiques – ICL2P / CL2P