(Investir au Cameroun) – Le 2 novembre 2022, le directeur général du Port autonome de Douala (PAD), Cyrus Ngo’o, a lancé un appel public international à manifestation d’intérêt (APMI) pour « la réalisation de certains projets de développement » de l’espace portuaire dont il a la charge. Selon le PAD, ce APMI vise à « encourager les investisseurs étrangers et nationaux à investir dans la construction des infrastructures portuaires et urbaines prévues dans le schéma directeur de développement (SDD) et la banque des projets du PAD ». Les entreprises ont jusqu’au 31 mars 2023 pour se manifester.
Adopté en décembre 2019, le SDD vise à faire passer la capacité du port de Douala de près 13 millions de tonnes à 45 millions à l’horizon 2050. Ce qui revient à tripler la capacité actuelle. Pour ce faire, il est prévu dans la première phase de moderniser et d’optimiser les infrastructures du site de Bonabéri et dans la seconde d’étendre le port vers le nouveau site en eau profonde de Manoka dans le 6e arrondissement.
Concrètement, la première phase consiste à l’enlèvement des épaves, le dragage dans différentes zones, la mise en service des nouveaux postes pétrolier et de chargement de bois, l’extension du terminal à conteneur et la construction de nouveaux quais, terminaux, magasins, logements et bureaux. Elle est prévue s’achever en 2035 et devrait porter la capacité du port à 23 millions de tonnes par an dès 2030. Le projet d’extension, qui devrait s’achever en 2050, consiste à la construction de quatre postes conteneurs pouvant accueillir les plus grands navires du monde, un terminal céréalier et deux postes pour vrac minéralier et pour hydrocarbures. Il est plus attendu la construction des voies de communication ; des bâtiments administratifs et des zones logistiques ; des infrastructures de tourisme et de loisirs…
Les premiers projets de la première phase (enlèvement des épaves, dragage dans différentes zones, la mise en service du nouveau poste pétrolier, extension du terminal à conteneur…) sont achevés ou en cours. Ils sont financés sous fonds propres ou par l’endettement. Mais, « au regard de l’urgence de la réalisation de ces projets, de l’importance des investissements à consentir et la complexité des projets concernés, la démarche du financement alternatif est l’option privilégiée par le PAD pour la réalisation de ce programme d’investissements », précise l’autorité portuaire.
Profil des partenaires recherchés
Cette alternative est le partenariat public-privé : « la réalisation des travaux d’envergure que représente l’accroissement de la capacité d’accueil du port ne saurait être envisagée par l’utilisation du budget de l’État ou du PAD, au vu des contraintes nationales actuelles. C’est pour cela que nous avons opté pour la recherche des partenaires prouvant mobiliser les financements nécessaires, finaliser les études des projets portuaires, réaliser les infrastructures et superstructures, les exploiter sur une période convenue en vue de leur retour sur investissement et les retourner après mise à niveau au PAD », explicite une source dans top management.
Mais un seul PPP a été conclu à ce jour. Il lie le PAD à la société anglaise Kharam Trading Holding (KTH). Signé le 31 mars 2022, le contrat prévoit la construction sur la rive droite du fleuve Wouri d’un quai de 900 mètres linéaires et d’un terminal vraquier de 42 ha. Les travaux sont censés durer cinq ans pour un investissement de 233 milliards de FCFA à mobiliser par le partenaire privé. Selon la convention, après 25 ans d’exploitation, les revenus de l’entreprise devraient se situer à 281 milliards de FCFA et ceux de l’État (PAD et impôts) à 258 milliards.
Pour accélérer le processus, Cyrus Ngo’o multiplie dont les initiatives en vue d’accrocher des investisseurs. Avant de lancer cet appel public international à manifestation d’intérêt, le DG du PAD a reçu, le 3 novembre dernier à Douala, la ministre adjointe aux Affaires étrangères d’Allemagne, Katja Keul. À l’occasion, il a proposé à son invité d’« être l’ambassadrice du PAD auprès des investisseurs allemands ». Avant cette rencontre, il a ouvert des discussions, en septembre dernier à Dubaï aux Émirats arabes unis, avec World Crane Services (WCS) et DP World, deux géants mondiaux dans le secteur portuaire.
Aboudi Ottou
