INTERVIEW

CYRUS NGO’O : « Le Port Autonome de Douala est un très bon risque pour les investisseurs et les banques »
L’Agence de Notation financière Panafricaine BLOOMFIELD vient de certifier la qualité de la signature du Port Autonome de Douala. Le Directeur Général du Port Autonome de Douala, Cyrus NGO’O, donne dans cet entretien les contours de la note ‘’A’’ qui vient d’être attribuée au Port Autonome de Douala, l’entreprise gestionnaire du Port de Douala-Bonabéri.
Pourquoi avoir décidé de faire une notation financière ?
Le Port Autonome de Douala est engagé depuis mon arrivée dans un vaste programme d’investissements destiné à donner corps à la vision du Chef de l’État, qui est celle de faire du Port de Douala-Bonabéri, le pôle de référence dans le Golfe de guinée. Cette ambition, vers laquelle nous sommes engagés, s’accompagne d’une recherche soutenue d’investisseurs et de financements nationaux et internationaux.
Afin de générer une forte attractivité des partenaires au développement du PAD, il fallait se doter d’un langage normé qui favorise la compréhension et l’analyse de son potentiel, d’où le recours à une notation financière, qui est une évaluation de la qualité de crédit, à court, moyen et long terme réalisée par une agence de notation financière indépendante.
Pourquoi Bloomfield, qui est une agence de notation panafricaine et non Fitch, Moody’s ou S&P qui sont les agences traditionnelles occidentales ?
Au-delà de ce que BLOOMFIELD nous a été recommandé par le Ministère en charge du suivi de la performance des entreprises publiques, il y a également que ce dernier a démontré son expertise. BLOOMFIELD évolue dans un environnement qui lui est familier, toute chose qui lui donne un avantage comparatif sur ses concurrents, notamment sur la capacité de traiter des questions spécifiques qui vont au-delà des aspects financiers qui sont communs à notation financière, par exemple la prise en compte des aspects liés aux enjeux politiques, sécuritaires et de souveraineté qui sont propres à chaque environnement. Afin de traduire fidèlement le potentiel du PAD, il fallait que la notation soit effectuée par une agence qui a une compréhension plus prononcée de nos environnements africains.
Je voudrais préciser d’emblée que BLOOMFIELD affiche aujourd’hui une expertise et une expérience avérées qui répondent aux normes internationales. Elle a un savoir-faire qui n’a rien à envier aux autres agences que vous avez citées.
Votre notation est en monnaie locale. Quelle est la différence avec la notation en devise étrangère ?
La différence réside dans la prise en compte, pour les notations en devise étrangère, des facteurs liés aux contraintes règlementaires de change, qui peuvent, en fonction des devises et des mutations de la règlementation, altérer la notation d’une entreprise. À contrario, la notation financière en monnaie locale, c’est-à-dire le FCFA pour ce qui nous concerne, n’est pas contrainte par ces facteurs, et représente donc la qualité intrinsèque réelle de la société.
Que signifie concrètement la note A à long terme avec perspective stable que vous avez obtenue à l’issue de cette notation de Bloomfield ?
La notation « A » avec perspective stable signifie que le PAD sur le long terme affiche une qualité de crédit élevée, et sur le court terme des ratios de liquidité sains (pas de risque de non remboursement) dans un contexte où il n’est pas envisagé des facteurs à court terme pouvant dégrader ses indicateurs de performance. Il s’agit de notes d’investissements, qui illustrent la solidité des fondamentaux du PAD et de sa liquidité confortable.
Quel sera l’impact de cette crédibilité établie par l’agence de notation financière sur le marché des capitaux ?
Sur le marché des capitaux, une notation financière de ce type aura pour effets directs :de permettre au PAD de lever des fonds sur le marché des capitaux sans recours à une garantie, ce qui aura pour effet de réduire conséquemment les coûts financiers liés à une telle opération; de permettre la discrimination de la crédibilité du PAD par rapport aux autres emprunteurs; d’améliorer de façon significative les conditions d’emprunt pour le PAD.
Pensez-vous que cette bonne note obtenue va changer la perception que le citoyen ordinaire a des sociétés publiques en Afrique en général et au Cameroun en particulier ?
Cette notation vient simplement confirmer le potentiel du PAD et rassurer les investisseurs quant à leur décision future de soutenir son développement. Toutefois, nous restons conscients que la perception de l’opinion publique nécessite des actions d’amélioration continue dont le management du PAD est engagé avec le soutien indéfectible de son Conseil d’Administration et du Gouvernement de la République.
Avec certitude ! Les réalisations et les performances du PAD parlent d’elles-mêmes, et avaient déjà rendu témoignages de la qualité de la signature du PAD auprès de l’opinion publique.
Ne pensez-vous pas que c’était un risque de parier sur la transparence, avec cet exercice rigoureux d’évaluation de crédibilité ?
Oui c’était un risque ! Mais un risque assumé, car la transparence est un facteur clé d’attractivité pour les investisseurs. Le développement du Port de Douala étant lié à cette transparence, vous comprenez qu’il ne nous était pas permis de ne pas parier sur ce risque.
Diriez-vous que ce bon résultat est la conséquence de votre bonne stratégie de gestion et de développement du PAD depuis que vous en êtes le Directeur Général ?
Ce résultat est lié effectivement à la stratégie que nous avons mis en place pour donner corps à la vision du Chef de l’État s’agissant du développement du Port de Douala-Bonabéri. Aussi, nous bénéficions du soutien constant du Gouvernement et de notre Conseil d’Administration. Il faut aussi noter une forte implication de toute la communauté portuaire ainsi que celle de tous mes collaborateurs.