
Comme s’il doutait de la justesse de la séquestration pendant environ deux ans du 1er vice-président du MRC, les autorités camerounaises se sont fait une fois de plus la risée de l’opinion nationale et internationale en se refusant d’attendre que le jour se lève pour libérer l’un des plus illustres martyrs de la démocratie camerounaise, Mamadou Mota.
Comme s’il se livrait à un acte de brigandage, le régime qui avait interpellé Mamadou Yakouba dit “Mota” en plein jour le 1er juin 2019 a attendu minuit pour le remettre en liberté.
Raison de cette libération clandestine? Faire en sorte que Mamadou Mota ne soit pas l’objet d’une standing ovation de la part des centaines, voire des milliers de militants du MRC, et autres partisans du changement de régime au Cameroun, qui s’étaient mobilisés pour donner une fête inénarrable à cet intrépide combattant revenu victorieux du combat livré depuis son arrestation le 1er juin 2019 contre une oppression dantesque qui s’est fait chair dans le pouvoir de Yaoundé.
Objectif atteint, puisqu’à sa libération en catimini à une heure où la ville aux sept collines était endormie, celui qui incarne depuis quelques temps la fissure entre le régime du président Biya et son septentrion d’origine (présenté par certains apparatchiks du pouvoir comme leur « bétail électoral ») n’a eu pour l’accueillir que des cadres de la direction du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun et ses avocats, pour le conduire jusqu’au domicile du président élu et leader du MRC, le Pr. Maurice Kamto.
Mais ce coup fourré, pour réussi qu’il a été, n’a servi qu’à montrer un peu plus le vrai visage d’un pouvoir tyrannique, résolument passé de l’autre côté de l’obscur.
Il y a trente-et-un ans, en effet, Nelson Mandela était libéré en Afrique du Sud par le régime blanc de l’Apartheid. La libération de Madiba s’était faite en mondovision, malgré le fait que la popularité démonstrative de l’ancien pensionnaire de l’île de Robben Island, de Pollsmoor et de la prison Victor Verster, desservait leurs intérêts. C’étaient des Blancs dont le racisme le disputait fortement à l’arianisme hitlérien. Au Cameroun, pays de Noirs, dirigé par des Noirs, on a peine à ne pas croire que l’homme noir n’est pas un loup pour l’homme noir.
Après, il y aura toujours de vains rhéteurs pour faire croire aux Camerounais que leur véritable ennemi se trouve en Occident et dans la presse. Archifaux, l’ennemi est dans la maison ! Et vraisemblablement au sommet de l’Etat!